Au Mexique, plus précisément dans la communauté de San Isidro Aloapam de l’État de Oaxaca, les communautés autochtones et paysannes s’organisent afin de lutter contre l’invasion et le saccage de leur territoire de la part de compagnies forestières. Au coeur de cette lutte, une femme inspirante y prend part, Yolanda Perez Cruz, défenseure des droits humains et de la Terre-Mère et membre du Consejo indígena popular Ricardo Flores Magón (CIPO), formé de nombreuses communautés en résistance. Yolanda se bat depuis les années 90 pour protéger la forêt où elle vit, où se trouvent de précieuses sources d’eau douce. Elle a commencé cette lutte avec son compagnon Pablo Lopez Alavés et avec d’autres membres de sa communauté qu’elle accompagnait et avec lesquels elle participait à de nombreuses assemblées, réunions et manifestations.
En 2010, suite à des années de répression de la part de groupes paramilitaires payés par les compagnies forestières pour intimider et faire taire la communauté de San Isidro Aloapam, son mari Pablo Lopez Alavés est arrêté. Il est toujours détenu à ce jour. C’est à ce moment que la lutte de Yolanda Perez Cruz commence à prendre un autre sens. Elle décide, suite à l’arrestation de son mari, de sortir de sa communauté afin de faire pression sur les autorités pour lutter pour sa liberté et pour la défense de son territoire. Yolanda ne parle alors pas encore l’espagnol, sa langue maternelle étant le zapotèque. Au début, Yolanda ne se reconnaît elle-même pas comme étant une défenseure des droits humains, mais à mesure que sa lutte pour la libération de son mari avance, elle prend conscience qu’elle l’a toujours été depuis les premiers instants de la lutte pour la défense de leur territoire.
Son rôle dans ce combat, qui était en quelque sorte éclipsé par le leadership de son mari, se trouve maintenant visibilisé et met en lumière le rôle central des femmes au sein de sa communauté ainsi que d’autres communautés organisées contre des projets de “développement”. Pour elle, ainsi que pour plusieurs femmes se trouvant dans des situations où leur milieu de vie est menacé, la lutte pour la défense de la vie et du bien commun n’est pas un choix. C’est une urgence et une responsabilité. "La Terre Mère nous donne tout : l’eau, la nourriture, le bois, tout… il est normal de lutter pour elle, sinon, comment va-t-on faire ? Tu ne te battrais pas pour ta mère ?"
La pression venant des États et de leurs intérêts économiques menace l’équilibre des écosystèmes et des communautés y vivant, c’est pourquoi la lutte des femmes comme Yolanda doit être visibilisée, elles représentent de véritables piliers de la résistance. La présence de Yolanda dans cette mosaïque a comme but non seulement de sensibiliser et d’inspirer, mais vise également à faire connaître sa cause afin de lui donner une protection et un appui face aux nombreuses menaces et intimidations dont elle est victime quotidiennement et qui visent à freiner sa lutte pour la sauvegarde de la forêt et pour la libération de son compagnon. Le cas de Yolanda est un symbole de la lutte de milliers de femmes qui se battent dans l’ombre contre la violation de leurs droits, l’invasion et la destruction de leur territoire.
Yolanda Perez Cruz, Défenseure des droits humains et de la Mère-Terre, membre du CIPO-RFM (Consejo indígena popular de Oaxaca-Ricardo Flores Magon)
San Isidro Aloapam, Oaxaca, Mexique
Organisme partenaire : Comité pour les droits humains en Amérique latine (CDHAL)
Crédit photo : CIPO-RFM