Avant son récent retour aux études, Lesbia Morales fut présidente du Comite campesino del altiplano-CCDA (comité paysan des hauts-plateaux), partenaire de Solidarité Laurentides Amérique centrale (SLAM) au Guatemala.
Ce ne fut pourtant pas facile pour Lesbia de prendre sa place comme femme, d’autant plus qu’elle n’avait que vingt-trois ans lorsqu’elle fut engagée par le CCDA. À de nombreuses reprises, des hommes ont soit refusé de travailler avec elle, soit réclamé son départ de certains comités stratégiques.
Il y eut aussi de la résistance lors de sa nomination au CNOC (coordination nationale des organisations paysannes) dont les délégués avaient toujours été masculins. Plusieurs membres ont clairement manifesté leur désaccord face à son inclusion. Elle n’a pas reculé et a continué à exercer son rôle sans céder aux menaces jusqu’à ce qu’elle gagne leur reconnaissance.
Pour Lesbia, les changements nécessaires à l’amélioration de la situation des femmes paysannes mayas sont l’amélioration du niveau de scolarisation, la sensibilisation aux réalités politiques, l’accès à des revenus propres et la promulgation de lois favorables aux femmes. Elle réclame entre autres une modification des lois concernant les titres de propriété de la terre familiale afin que les femmes en soient aussi les propriétaires légales.
La réalisation dont elle est la plus fière est la politique de promotion des droits des femmes du CCDA. Il y eut d’abord une cueillette de données auprès des femmes mayas. Lesbia et sa collaboratrice rencontrèrent les femmes par petits groupes et leur demandèrent d’exprimer leurs problèmes par le dessin. Il en ressortit que les femmes se plaignaient surtout d’être victimes de harcèlement sexuel, de violence conjugale et de dépendance financière face à leur mari. Elles exprimèrent aussi qu’elles demeuraient atteintes psychologiquement par la violence dont elles ont été victimes ou témoins durant la guerre civile (1960-1996).
En 2006, le CCDA formula une politique pour remédier aux situations dénoncées par les femmes. Plusieurs mesures furent mises en place pour leur donner une voix, favoriser leur participation aux décisions importantes et leur donner plus d’autonomie financière.
Il y a maintenant une participation obligatoire de deux femmes (sur cinq personnes) à l’important comité des crédits agricoles qui attribue des fonds à divers projets. Deux femmes par département sont déléguées à la Commission nationale des Femmes. Plus de 50% des bourses d’études du CCDA doivent être attribuées à des femmes et les projets qui aident les femmes à acquérir une autonomie financière sont favorisés.
Lesbia a de quoi être fière !
Lesbia Morales, anciennement présidente du Comite campesino del altiplano-CCDA
Guatemala
Organisme partenaire : Solidarité Laurentides Amérique centrale (SLAM)
Crédit photo : SLAM