« Je m’appelle Aminata Dicko, je suis née le 9 mai 2002 à Thiès et je suis élève en classe de CMII à l’école Moundiaye THIAW de Médina FALL. Je n’ai jamais eu d’extrait de naissance. Chaque jour mon directeur d’école disait qu’il avait très mal, car bien que je fasse partie des meilleures élèves de la classe, moi et d’autres élèves de la classe risquons de ne pas nous présenter à l’examen du CFEE, faute de pièce d’état civil. J’étais inquiète et préoccupée par mon sort.
Lorsque j’ai demandé à ma mère pourquoi je n’ai pas été déclarée à la naissance, elle me confie que quand je suis née mon papa était dans les villages reculés, en train de travailler dans les champs de son marabout. Elle avait accouché à la maison et c’est une matrone qui l’a assistée. Notre quartier, Médina est un quartier périphérique, un quartier populaire où le souci des parents c’est d’avoir de quoi bouillir la marmite.
Grâce à la diligence de notre directeur qui a appris le travail d’Equitas par le biais de ses membres, sur les ondes de la Radio et à l’Inspection d’Académie où le bureau Genre effectue le même travail, j’ai pu obtenir mon extrait de naissance avec l’audience foraine organisé le 20 février ; ce qui me permet de passer mon examen et de pouvoir continuer mes études. Merci Equitas, je magnifie ton travail et je vous demande d’aider d’autres filles qui sont dans ma situation pour leur donner la chance de jouir de leur droit : EXISTER. »
Le droit à l’identité : le dur combat pour l’état civil
Imaginez un instant être privé de la possibilité de prouver qui vous êtes, exclu de la société et de la communauté globale … C’est à cette réalité que beaucoup font face à travers le monde. D’après UNICEF, 230 millions, ou 45% des enfants en dessous de cinq ans n’ont pas de certificat de naissance. Plus de 100 pays n’ont pas un système public adéquat pour assurer la registration des naissances.
Fatimata Sy est une experte juridique devenue animatrice basée au Sénégal, un pays faisant face à ce problème. Au Sénégal, les enfants ne sont pas supposés être admis à l’école sans leur certificat, mais dans beaucoup de cas les règles sont contournées et les enfants parviennent à être scolarisés. C’est lorsqu’ils doivent passer leurs examens pour obtenir leur diplôme du primaire qu’ils affrontent des complications. Sans papiers d’identification, ils ne peuvent pas passer leurs examens, recevoir leur diplôme et passer à l’école secondaire.« C’est un barrage à l’éducation, à la recherche d’emploi, et à la liberté de circuler librement », dit Sy.
Sy a formé et supervisé des parajuristes qui ont mené des discussions à propos de l’état civil avec des groupes de femmes, et elle a aidé à développer ce thème de discussion pour des émissions de radio.« L’approche participative aide à créer une meilleure expérience pour eux [les participants], ils se sentent plus à l’aise, valorisés et impliqués. Cela garanti un meilleur transfert de connaissance » dit-elle.
Les citoyens du village de Thiès au Sénégal se sont penchés sur le problème du recensement en organisant une campagne de sensibilisation sur les problèmes liés à l’inscription à l’état civil. Le but de la campagne était de s’assurer que les étudiants recevraient leurs cartes d’identité à temps pour les examens finaux à venir, mais aussi pour encourager d’autres personnes à réclamer leur droit à l’identité.« Chaque année nous perdions des étudiants parce qu’ils ne pouvaient pas passer leurs examens, donc on savait qu’on devait faire cette activité pour sensibiliser et donner l’opportunité aux gens de défendre leurs droits » dit Yacine Fall une participante dans la campagne du village de Thiès.
Le procureur général en a tenu compte, et a pris l’engagement de tenir publiquement des audiences spéciales sur le sujet. Fall affirme qu’elle a vu plus de 130 affaires de documents manquants qui ont été classées depuis que l’initiative a été lancée, et ce nombre de cas est encore en cours de comptabilisation.
Amanita Dicko et son extrait d’acte de naissance
Médina, Daka, Sénégal
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Crédit photo : Ndeye Yacine Fall, Inspection d’Académie, Thies, Sénégal