Habitant depuis peu dans la région, j’étais curieuse de voir comment se déroulerait cet événement et surtout, je trouvais le rendez-vous intéressant pour faire de nouvelles rencontres. Je décide donc de m’y rendre, en me jurant toutefois de garder mes « talents » artistiques (comparables à ceux de mon chats) pour moi, et de plutôt me concentrer sur les rencontres et discussions potentielles.
J’arrive donc un peu avant 17h. Il fait déjà noir et le Troquet est assez tranquille. Sur la scène, le peintre André St-Georges commence à préparer son matériel pour la création en direct d’une toile qui sera inspirée du moment et l’artiste Horus Rao accorde sa guitare et pousse quelques notes pour tester le son.
Pendant ce temps, assise près d’une table au fond du bistro, je commence à sympathiser avec Patricia, coordonnatrice au groupe Entre-femmes de l’Outaouais. Elle m’explique travailler auprès de femmes nouvellement arrivées au Québec et qu’elle espère que certaines d’entre elles trouveront le courage d’affronter le froid et la pluie pour venir nous rejoindre ce soir. Mais ce n’est pas facile. On discute aussi de racisme, de l’indignation que ses manifestations provoquent chez les immigrantes et immigrants, mais que ce genre d’événement organisé dans le cadre des JQSI a l’effet d’un baume grâce aux échanges interculturels qu’il rend possible.
Quelques minutes après, Sandra d’Inter Pares et Alphonso de Développement et Paix montent sur scène pour présenter l’activité. Ils nous parlent du thème des JQSI, des différents types de culture (populaire, industrielle, mais aussi les sous-cultures et celles qui n’ont pas de nom) et ils nous parlent aussi beaucoup des femmes et de leur condition déplorable dans plusieurs pays du monde. Alphonso mentionne une série de statistiques troublantes sur la faible représentation des femmes dans les institutions ainsi que sur leur participation dans les processus de paix. Dans une grande partie des pays du Sud, l’heure est grave. Mais il nous invite aussi à réfléchir aux enjeux féministes ici, au Québec et au Canada. Et en cette période de commémoration qu’est le jour du Souvenir, l’un de ces enjeux est la campagne du coquelicot blanc qui rappelle que les civiles et civils sont les principales victimes de la guerre et qu’elles concernent surtout les femmes et les enfants, un problème dont on fait peu mention.
Après que Sandra et Alphonso aient présenté les missions de leurs organismes respectifs ainsi que ceux des organismes partenaires, on fait maintenant place au thème de la soirée. Déjà, en arrière-plan, l’artiste André St-Georges a commencé à peindre. Pour lui, la culture est « l’unité dans la diversité. Le manque de diversité est l’appauvrissement total ».
Nous sommes maintenant une quarantaine de personnes au Troquet. Les gens discutent et nous sommes invités à participer à une toile collective qui sera ensuite offerte à une école. Tout le matériel est là pour laisser aller sa créativité. Enfants et adultes se précipitent sur les bouchées, ça sent bon et ça a bon goût !
L’ambiance devient de plus en plus festive et on la doit en bonne partie au chanteur et musicien d’origine burundaise Horus Rao. Sa musique aux accents soul et son charisme nous donnent envie de rire et danser. Sur cette douce musique, la toile d’André St-Georges qui évolue et prend forme au fond de la scène.
Dessine-moi ta culture est ce genre de moment où les gens sont curieux, ouverts et simplement heureux de s’être déplacés pour cet événement. On discute de nos histoires, de ce qui nous amène ici, pour se rendre compte que la culture, c’est nous qui la composons et que la partager la rend plus riche et plus forte.