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14 novembre 2017, Montréal

L’exploitation territoriale et commerciale des cultures ancestrales

Auteure : Marie-Ameline Barbier

La culture est au cœur de multiples enjeux internationaux tant sur le plan environnemental que commercial. Droit fondamental de la personne intégré dans les traités internationaux, elle est pourtant souvent victime d’exploitation et d’appropriation partout dans le monde.

Organisée par le Comité pour les droits humains en Amérique latine, le Projet Accompagnement Québec Guatemala , le Centre international de Solidarité ouvrière et Développement et paix, dans le cadre des Journées Québécoises de la Solidarité Internationale, la conférence sur les droits culturels proposée par l’AQOCI avait pour objectif de dénoncer les atteintes aux droits culturels des peuples autochtones partout dans le monde. Deux exemples puisés au Québec et au Guatemala ont permis de soulever l’enjeu de l’auto-détermination des peuples autochtones.

Au Québec, les droits culturels des peuples autochtones sont menacés par l’appropriation culturelle menée par différentes grandes compagnies. L’appropriation culturelle désigne l’emprunt non autorisé qu’effectue un membre d’une culture donnée de modes d’expression, de styles littéraires ou visuels, d’une thématique ou d’un savoir-faire quelconque. Le respect des droits culturels des peuples passe tout d’abord par la fin du contrôle et de l’exploitation commerciale des savoir-faire ancestraux et productions artisanales perçus par les compagnies comme du simple folklore, comme souligne le film Où sont tes plumes produit par le Wapikoni mobile et projeté pour l’occasion. Au Canada, plusieurs compagnies ont déjà été critiquées par le passé pour s’être approprié des éléments de la culture autochtone en produisant notamment des vêtements.

Au Guatemala, la question se pose à une échelle plus large. L’organisme féministe Mama Maquin qui travaille pour la promotion des droits des femmes et contre les violences, lutte notamment pour la protection du travail des femmes dans le domaine du textile. Mama Maquin rappelle que le tissage est une science, un art et pas juste un métier. Il représente une grande partie de l’identité des femmes du Guatemala qui doit être valorisée et protégée par le droit à la propriété intellectuelle. L’association dénonce ainsi la vision raciste des compagnies textiles qui exploitent ces femmes.

Même constat pour Patricia Amat y Leon, co-fondatrice de l’ONG péruvienne Filomena Tomaira Pacsi, qui pointe les industries minières et leurs ravages sur l’environnement. La militante de longue date, qui a fait le déplacement à Montréal à l’occasion des JQSI, rappelle que les autochtones ont un lien important avec la terre, la nature qui est liée à la spiritualité, un lien totalement méprisé par les compagnies extractives. Celles-ci s’accaparent non seulement des territoires, mais détruisent aussi des liens sacrés et culturels. Pierre Bosset, professeur à UQAM au sein du département des sciences juridiques, souligne que le droit international exige pourtant le respect des identités culturelles qui visent aussi des minorités qui ont droit à leur propre vie culturelle. Cependant le problème réside dans le fait que si les coutumes, les traditions, les beaux-arts, le mode de vie des peuples autochtones sont reconnus par des instruments internationaux, il n’en est pas de même pour la Terre qui n’est pas protégée par les Conventions des Nations Unies. Or pour les peuples autochtones, la terre, appelée La Mère, est à la base de leur organisation. Une faille qu’exploitent avec appétit les compagnies minières.

Photo : AQOCI

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