Si plusieurs films contemporains misent plus sur la fiction que sur le réalisme, LION est un film digne du titre du documentaire pour un organisme comme l’AIPE. Basé sur une incroyable histoire vraie, LION suit la vie d’un jeune Indien, Saroo, qui se retrouve seul dans un train traversant l’Inde qui l’emmène malgré lui à des milliers de kilomètres de sa famille. Perdu, le petit garçon doit apprendre à survivre seul dans l’immense ville de Calcutta où il devra faire face à la faim, à la solitude et aux divers dangers qui le guettent. Après des mois d’errance, il sera recueilli dans un orphelinat et adopté par un couple d’Australiens. Désormais adulte, Saroo décidera de partir à la recherche de sa famille biologique et de son histoire.
L’enfance du jeune Saroo, c’est celle de milliers de jeunes enfants dans les rues de l’Inde. On y découvre les réalités de la pauvreté, de l’exploitation et de la solitude. Pour l’AIPE, la projection du film LION était une possibilité de mettre des images sur une réalité d’ailleurs, une réalité avec laquelle l’AIPE travaille depuis de nombreuses années et qui n’est pas encore connue de toutes et tous.
Avec la participation d’une enseignante dévouée du Cégep de Sorel-Tracy, Madame Myriam Beauchesne, l’AIPE a présenté le film devant une quarantaine de personnes en plus d’entamer une discussion passionnante et animée avec le public. Avant la projection, l’AIPE a tenu à informer les personnes présentes de ce qu’elle s’apprêtaient à voir, les invitant à regarder le film non pas avec leurs lunettes de cinéphiles, mais bien avec celles de citoyen-nes du monde. Le public était en effet invité à prendre part au visionnement en étant conscientes que derrière la fiction, le film dépeint une réalité vécue chaque jour par de nombreux enfants à travers le monde.
La projection a été suivie de questions, de commentaires et d’inquiétudes sur les enjeux internationaux. La période de questions et de discussion, qui devait durer 30 minutes, a été prolongée d’une autre demi-heure pour répondre le plus possible aux questions du public, mais aussi pour permettre à la conversation enrichissante de se poursuivre. Plus qu’une simple activité ludique incluant le visionnement d’un film, cette projection est rapidement devenue l’occasion de s’interroger et rechercher des solutions à long terme sur des problèmes mondiaux. Ce fut aussi l’occasion pour l’AIPE de faire la distinction entre « aide humanitaire » et « solidarité internationale », de s’interroger sur l’importance du travail effectué dans le respect des cultures locales des pays d’intervention, d’aborder des sujets nouveaux pour certain-es participant-es comme le « volontourisme » et surtout de parler de l’importance fondamentale de travailler ensemble pour la construction d’un avenir meilleur.
Aujourd’hui, ce sont plus de 152 millions d’enfants qui sont exploités à travers le monde et ce nombre diminue chaque année. La route est encore longue, mais les changements commencent déjà à se faire voir, ici comme ailleurs. Ce sont des activités comme celle-ci qui permettent aux gens de devenir un peu plus conscients chaque jour de l’importance de la solidarité internationale.
Le cinéma est cette arme à double tranchant : il a le pouvoir de nous ouvrir sur le monde autant que de nous refermer sur nous-mêmes. L’AIPE tenait surtout à profiter de cette projection pour inviter les personnes présentes à devenir des spectatrices et spectateurs averti-es et critiques, puisque le cinéma est une production culturelle subjective qui peut autant offrir une vision fidèle de la réalité qu’une version modifiée et altérée de ce qui se passe réellement dans le monde.