Le 9 novembre dernier avait lieu à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) une table ronde qui mettait à l’honneur les luttes des femmes autochtones, d’hier à aujourd’hui. À l’invitation du Comité de Solidarité/Trois-Rivières, conjointement avec le département d’histoire de l’UQTR, ont répondu présentes quatre femmes engagées, chacune à leur manière, dans la défense des droits des femmes autochtones.
Viviane Chilton (femme attikamek et membre du Conseil de bande de Wetomaci), Valérie Jubainville (coordonnatrice du Point de service autochtone de Trois-Rivières), Nicole O’Bomsawin (femme abénaquise, et fière enseignante au Collège KIUNA, où elle y enseigne « l’histoire des Premières nations aux Premières nations par des Premières nations ») et Suzie O’Bomsawin (femme abénaquise de la communauté d’Odanak et membre du réseau jeunesse des Premières Nations du Québec du Labrador). Elles étaient réunies autour de cette table ronde orchestrée par Joanne Blais, directrice de la Table de concertation du mouvement des femmes de la Mauricie.
De nombreux enjeux ont été abordés devant la salle comble : les femmes ont retracé les grandes injustices commises par le passé, pensons aux pensionnats et à la « loi sur les sauvages » qui avaient comme objectif assumé de « tuer l’indien dans l’indien ». Dans une perspective plus actuelle, elles ont parlé des discriminations subies encore aujourd’hui par les peuples autochtones, notamment leur quasi-absence dans les manuels scolaires où ils sont décrits comme des « sauvages » que les colons français ont eu la « gentillesse » de « civiliser ». De quoi faire réfléchir l’assemblée, constituée pour moitié de futur-e-s professeur-e-s du secondaire.
L’importance de l’intégration des enjeux autochtones dans les formations de certains métiers (on pense facilement aux policiers/policières, mais nos futur-e-s professeur-e-s étaient également dans le viseur) a ainsi été mentionnée. C’est cependant avec une approche féministe que les panélistes ont orienté leurs discours. Elles ont parlé notamment de l’apport des femmes dans la réponse aux enjeux collectifs. Elles ont également cité des exemples concrets des enjeux autochtones conjugués au féminin, comme la difficulté de la prise en charge des femmes autochtones dans le besoin, qui a conduit à la création de 14 maisons d’hébergement pour femmes autochtones au Québec ou la mise sur pied d’ateliers de cuisine collective par et pour les femmes, afin de les sortir de leur isolement.
Enfin, Mme Chilton a décrit avec beaucoup d’émotion la difficulté d’être femme au conseil de bande, une réalité qui nous rappelle aussi les luttes féministes actuelles quant à la place des femmes en politique ou autre instance décisionnelle.