De quels médias le Monde a-t-il besoin ?
Retour sur un panel mouvementé
Par Shawn Grenier
Dans le cadre des Journées internationales de la solidarité internationale ayant lieu du 3 au 12 novembre, le Carrefour international bas-laurentien pour l’engagement social (CIBLES) a profité de la tenue du Salon du livre de Rimouski pour inviter des auteurs et journalistes à réfléchir au-tour de la question : de quels médias le Monde a-t-il besoin ?
Cette activité, sous forme de panel, avait comme objectif de susciter une discussion par rapport au rôle et à l’influence des médias quant à la perception du Monde des Québécois.e.s principalement, du Sud. Quatre panélistes étaient présent pour cette discussion, soit Normand Baillargeon, essayiste et auteur prolifiques, Catherine St-Vincent-Villeneuve, rédactrice en chef à Radio-Canada Est-du-Québec, Jean-François Poupart, auteur et enseignant et Marc Simard, rédacteur en chef au journal indépendant le Mouton Noir.
Bien que le sujet de la discussion ait été amené clairement, la discussion a souvent glissé vers la crise des médias en général, qui bien sûr a un impact sur la représentation du Monde. Les médias sont trop concentrés entre les mains de quelques conglomérats. Selon Poupart, 80% de ceux-ci appartiendraient à soit Gesca ou Québecor. Le caractère privé de ces entreprises les force à tendre vers le profit, donc vers les cotes d’écoute. Étant donné que les nouvelles internationales coûtent extrêmement cher à produire pour ce qu’elles rapportent financièrement, on estime plus avantageux de publier de l’opinion, par exemple, que de l’information internationale. L’opinion n’est pas dispendieuse à produire et elle génère du profit, voilà pourquoi elle serait en croissance fulgurante dans de nombreux médias.
Un petit retour dans l’histoire a permis au panel de trouver une piste de solution à la question « De quels médias le Monde a-t-il besoin ? ». Normand Baillargeon fit une référence à l’ancienne émission de vulgarisation des enjeux internationaux, animée par René Lévesque, « Point de mire ». René Lévesque y était admirable, selon Baillargeon, pour ses qualités de pédagogue. Cette pédagogie est très importante pour établir un dialogue entre le public et une organisation, un groupe ou une autre culture.
Catherine St-Vincent-Villeneuve amena le fait que notre situation géographique crée des fils d’actualités internationales monopolisées, ou presque, par l’actualité américaine. Ceci déclencha justement une longue discussion sur le traitement des médias de la campagne électorale améri-caine actuelle. Baillargeon souligna qu’en cessant de proposer des enjeux internationaux au pu-blic, ce dernier arrête d’en demander. Il croit que les médias doivent plutôt proposer une offre que de répondre à une demande.
Cependant, il est mentionné lors du panel que l’offre d’actualité internationale plus pointue est accessible sur l’internet pour ceux et celles qui s’y intéressent. Marc Simard du Mouton noir s’est justement demandé si les gens voulaient des nouvelles internationales, car cette ouverture et curiosité pour le Monde est encore peu présente au Québec si on se fie aux nouvelles consommées. Les gens s’intéressant aux enjeux au Burkina Faso par exemple peuvent accéder, via l’internet, aux médias de ce pays. Ceci est applicable pour une multitude de pays que les médias traditionnels ne peuvent pas couvrir par souci de temps ou encore d’argent. Cependant, le panel rappela que l’Internet, bien que très utile, peut être également une grande source de désinforma-tion, dû à l’abondance de contenu présent sur cette plateforme.
Le panel a également souligné l’importance des médias dans une démocratie, l’importance d’avoir une population éduquée qui puisse consulter les médias et qui puisse le faire avec un regard critique. Le rôle des médias en est un d’une très grande importance, et pour que celui-ci l’accomplisse plus efficacement au niveau international, il devra faire preuve de pédagogie et de créativité afin de pouvoir attirer l’attention sur certains enjeux qui se trouvent loin de nous et qui méritent notre solidarité.
Crédit photo : Fanny Allaire-Poliquin