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L’importance de l’éducation au Burkina Faso

Tanga Kiendrebeogo

Président de l’Association Solidarité Patoinyimba pour le Bien-être Social de Doulou, Burkina Faso

Dans la société, qu’elle soit traditionnelle ou moderne, la question de l’éducation occupe une place de choix tant au niveau national qu’international. C’est dans cette optique que le Burkina Faso s’est engagé à travers des accords et des conventions dans le cadre de l’Éducation pour tous.
L’éducation est perçue comme un droit fondamental pour les filles et les garçons dans notre pays. Ce droit s‘applique dans des écoles laïques classiques et dans des classes innovées comme les écoles bilingues, satellites, double flux, multigrades, à travers un programme d’enseignement - apprentissage qui tient compte des différents aspects du milieu de vie de l’apprenante et de l’apprenant. Après cet aperçu, quelle serait la finalité de l’éducation dans notre contexte ?
La mission de l’éducatrice et de l’éducateur est d’aider l’enfant, future bâtisseuse ou futur bâtisseur de la nation, à s’intégrer harmonieusement dans la société des adultes à travers sa formation physique, intellectuelle, morale et sociale.
En effet, sur le plan intellectuel, on constate le développement de l’esprit critique qui permet de définir. Grâce à l’éducation, les parents ont pris conscience de la nécessité de l’école et y inscrivent leurs filles, ce qui a favorisé grandement à l’émancipation des femmes et au développement du genre. Au Burkina Faso, bon nombre de femmes s’illustrent dans des organisations ou mouvements politiques et syndicaux pour la défense de leurs droits, de leurs intérêts. En classe, les filles et les garçons sont invité-e-s actuellement à mener les mêmes activités : balayer le plancher de la classe, nettoyer la cour de l’école, effacer le tableau, cultiver le potager, faire la vaisselle ou la cuisine, tracer le terrain des sports… ; les filles et les garçons s’asseyent ensemble sur le même table-banc pour étudier, ou sous le même arbre pour déjeuner.
Dans le même ordre d’idée, en dépit de la gratuité de l’école, les parents d’élèves ne sont pas du reste. Ils sont organisé en associations dénommées « Association des Parents d’Élèves » (APE) qui regroupent femmes et hommes ayant inscrit leurs enfants à l’école et « Association des Mères Éducatrices » (AME) composée uniquement de mères ayant leurs enfants dans ladite école. Ces deux associations contribuent à la bonne marche de l’institution scolaire : recrutement de nouveaux élèves, sensibilisation au recrutement des filles, réfection des locaux, acquisition de matériel pédagogique, implication dans les activités péri, para et post scolaires, apport en cantine endogène.
Les parents, en collaboration avec le personnel enseignant et élèves délégués, ont un regard particulier sur la prévention et la gestion des conflits entre acteurs de l’établissement.
Aussi, les grands défis de la planète - en l’occurrence les changements climatiques, la pauvreté, la violence, les maladies sexuellement transmissibles, l’incivisme, les grossesses en milieu scolaire - font l’objet de discussion lors des Assemblées Générales des parents d’élèves.
Outre les parents d’élèves, plusieurs autres partenaires sociaux interviennent généralement dans l’éducation des enfants. Au Burkina Faso, à Doulou, un village de brousse situé à une quinzaine de kilomètres de la ville de Koudougou, deux partenaires se sont impliqués dans l’éducation des enfants. Premièrement, le Club Nord du Cégep de Victoriaville intervenait à l’école bilingue de Doulou. Les étudiantes et étudiants de ce club organisaient des animations psychosociales avec les élèves des différentes classes en collaboration avec le corps professoral de l’école, animaient la bibliothèque de ladite école avec des livres provenant du Québec, feuilletaient ces documents avec les élèves en leur parlant du Canada. Les élèves en faisaient autant avec des documents portant sur le Burkina Faso auprès des partenaires du Québec. Il s’agissait de véritables partages d’expérience, de brassage culturel ; en un mot, de l’enseignement. Ces jeunes Québécoises et Québécois préparaient et partageaient les repas avec le personnel enseignant de l’école, des élèves et même les parents d’élèves dans leur famille. Des moments inoubliables de belle communion.
Maintenant, un autre groupe s’implique sous une autre forme. Il s’agit du groupe Songtaaba, associé à Solidarité Nord-Sud des Bois-Francs, cette fois via l’Association Solidarité Patoinyimba pour le Bien-être Social de Doulou depuis cinq ans. Le groupe Songtaaba, très soucieux du développement socio-économique du village de brousse qu’est Doulou, intervient dans plusieurs secteurs : le microcrédit, l’orphelinat de jour, l’agriculture, la clinique visuelle et le soutien au développement des Activités Génératrices de Revenus. Prenant le secteur de l’éducation, le groupe soutient l’Association à prendre en charge trente orphelines et orphelins issus de la communauté, le groupe soutenant la prise en charge scolaire, alimentaire et sanitaire à travers son Comité orphelinat. Deux enseignantes engagées dans ce cadre se partagent deux mandats : l’une fait l’aide au devoir et l’autre l’animation psychosociale avec les enfants une fois par semaine. Des modules de formation sanitaire sont dispensés notamment en hygiène corporelle, vestimentaire et du cadre de vie. Le comité orphelinat Songtaaba appuie fortement le développement des conditions de vie des enfants en sensibilisant le comité orphelinat de l’ASPBS. Durant ces cinq dernières années, les enfants voient ainsi leur niveau de vie amélioré. Les activités conjointement menées effacent les barrières culturelles. « Nassara et Ninsabalaga » (Blancs et Noirs) vivent ensemble dans le respect mutuel.
Sur le plan social, l’éducation inculque les valeurs du milieu à l’apprenante et l’apprenant comme le respect mutuel, l’obéissance, la solidarité internationale, l’honnêteté, la justice universelle, l’amour du prochain, la citoyenneté… ; et de pouvoir vivre dans un monde à diversités culturelles favorisant les rapprochements des peuples, gage d’un monde de paix, de justice et de liberté. À titre illustratif, nous pensons aux différentes compétitions internationales à savoir le football, les Jeux Olympiques (les J.O) qui regroupent des personnes de tous les horizons.
Sur le plan économique, l’éducation valorise le patrimoine culturel, moteur d’un véritable développement économique. La prestation des artistes musiciens sur scène, l’exposition des objets d’arts dans les foires, les salons internationaux, les villages atypiques, les visites dans les sites touristiques génèrent des devises importantes pour le pays. Elle permet également de promouvoir un commerce mondial juste et équitable.
Au regard de ce qui précède, nous retenons que l’éducation reste un facteur majeur de développement socio-économique durable.

Crédit photo : Tanga Kiendrebeogo



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