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Qu’en est-il des Premiers peuples (Premières Nations, Inuit et Métis) à l’intérieur de la formation universitaire à l’enseignement dans les facultés d’éducation québécoises ?

Jo-Anni Joncas, PhD

Centre interuniversitaire d’études et de recherches autochtones - CIERA Centre de recherche et d’intervention sur l’éducation et la vie au travail - CRIEVAT Observatoire Jeunes et Société

Les résultats de ma thèse de doctorat, qui avait comme principal objectif d’évaluer comment le contexte d’études de femmes autochtones universitaires contribuait (ou non) à leurs possibilités de choix dans l’optique qu’elles réalisent le parcours scolaire désiré, m’ont notamment permis d’identifier des éléments qui ont facilité ou limité la réalisation du parcours scolaire de ces étudiantes et de cerner les besoins des intervenants universitaires rencontrés à propos de leur travail auprès d’étudiants autochtones. Un des éléments intéressants des résultats de cette recherche concerne la relation entre les étudiantes autochtones et le personnel enseignant. Selon plusieurs auteur-e-s (Battiste, 2000 ; Bishop et al., 2012 ; Hare et Pidgeon, 2011 ; Kanu, 2007 ; Kovach, 2013 ; Neeganagwedgin, 2011 ; Stonechild, 2006 ; Wotherspoon et Schissel, 1998), le manque de connaissances sur les savoirs et cultures autochtones chez les enseignant-e-s et les professeur-e-s est l’un des principaux facteurs qui expliquent les écarts entre les taux de scolarisation des peuples autochtones et allochtones (non-autochtones). En effet, les taux de scolarisation des peuples autochtones sont largement en dessous des moyennes canadiennes et québécoises (Ministère de l’Éducation du Loisir et du Sport, 2013 ; Statistique Canada, 2013). Une recherche de Kanu (2007) au sujet de l’intégration de la vision du monde autochtone dans le curriculum d’écoles secondaires de deux villes de l’Ouest canadien porte à croire que l’élément central qui affecte la réussite scolaire des élèves des Premiers peuples est la capacité des enseignant-e-s à intégrer efficacement les enjeux et savoirs autochtones dans leur enseignement. Je me suis alors questionnée quant à la formation des enseignant-e-s et des professeur-e-s sur ces questions relatives aux Premiers peuples.

De plus en plus de recherches portent sur la reconnaissance des Premiers peuples dans la pédagogie et les programmes scolaires du primaire et du secondaire au pays (Aikenhead, 2001 ; Battiste, 2010 ; Cajete, 2000 ; Donovan, 2015 ; Friesen et Friesen, 2002 ; Haig-Brown et Dannenmann, 2002 ; Kanu, 2007, 2011 ; Metallic, 2009 ; Reis et Ng-A-Fook, 2010 ; Sterenberg et Hogue, 2011 ; Stonechild, 2006 ; Tuck et Gaztambide-Fernàndez, 2013). Cela dit, à notre connaissance, la littérature existante concernant la présence des Premiers peuples dans la formation universitaire à l’enseignement est limitée (Archibald, 2008 ; Ng-A-Fook, 2014 ; Ng-A-Fook et al., 2015 ; Ng-A-Fook, Ingham et Burrows, 2017 ; Ng-A-Fook et Rottman, 2012 ; Scully, 2012 ; St.Denis, 2011). Potvin et al. (2015) ont conduit une étude sur la prise en compte de la diversité ethnoculturelle, religieuse et linguistique dans les orientations et compétences professionnelles en formation à l’enseignement au Québec. Leur analyse fine du référentiel ministériel indique une faible présence d’éléments de compétences interculturelles dans la formation à l’enseignement.

Ces constats m’ont menée à m’intéresser à l’espace qu’occupent les Premiers peuples (savoirs, cultures, histoires, enjeux contemporains, méthodes d’enseignement, etc.) à l’intérieur de la formation à l’enseignement des facultés d’éducation. De manière conforme aux appels à l’action de la Commission canadienne de vérité et de réconciliation (2015) et aux lignes directrices de la recherche auprès des Premiers peuples (Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador, 2014 ; Groupe consultatif interagences en éthique de la recherche (1), 2015 ; Kovach, 2009 ; Smith, 2012 ; Smith, Tuck et Yang, 2018 ; Wilson, 2008), je travaille actuellement à : 1) documenter la place des Premiers peuples dans la formation à l’enseignement de facultés d’éducation québécoises ; 2) identifier les besoins des formatrices et formateurs dans l’intégration des questions relatives aux Premiers peuples à leur pratique ; et 3) relever des pistes d’action pour intégrer davantage les Premiers peuples dans la formation à l’enseignement de ces facultés.

Crédit photo : CIERA

Note

(1) Qui regroupe les trois organismes fédéraux de la recherche (le Conseil de recherches en sciences humaines, le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie et les Instituts de recherche en santé) au Canada.



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